Le Concert de l'Hostel Dieu est aujourd'hui une référence dans son domaine. Il nous offre ce soir un programme éclectique et enjoué. Heather Newhouse : soprano Reynier Guerrero : violon Nicolas Muzy : théorbe Aude Walker-Viry : violoncelle Franck-Emmanuel Comte : clavecin et direction Programme : Arie, folias, chaconnes, passacailles et tarentelles de Santiago de Murcia, Giovanni Felice Sances, Tarquinio Merula, Girolamo Frescobaldi, Giuseppe Tricarico, Arcangelo Corelli, Antonio Vivaldi et anonymes (tarentelles populaires).

D’origine portugaise, la Follia, dont le terme signifie « amusement débridé » ou bien encore « folie », est liée au monde populaire, celui des bergers et des paysans. Le principe qui fit son succès est simple : une basse obstinée de huit mesures sur laquelle se construisent des variations ou « diferencias », est répétée avec insistance et générosité. Adoptée par les italiens, puis par l’Europe entière, elle évolue vers plus de virtuosité et de théâtralité sous la plume de Corelli et de Vivaldi.  Son esprit et son style deviennent ainsi synonyme de créativité et de liberté.

Dolce Follia, est inspiré du ballet Folia, co-créé avec Mourad Merzouki pour les Nuits de Fourvière. Il en conserve l’énergie, l’inventivité et l’inspiration chorégraphique. Les musiques métissées de ce programme nous invitent à un voyage dans le temps et l’espace, de la péninsule ibérique au sud de l’Italie. Le répertoire raffiné des palazzi y côtoie celui des bas-fonds de Naples. Les danses à basse obstinée telles que folias, tarentelles, passacailles et chaconnes en constituent la trame musicale et spirituelle.

Leur pouvoir hypnotique saura-t-il soigner la folie douce qui règne en vous ? A moins quil ne lattise

Depuis sa création, le Concert de l’Hostel Dieu est un acteur majeur de la scène baroque française.

L’ensemble se singularise par une approche interprétative sensible et dynamique du répertoire vocal du 18ème siècle. Sous la direction de Franck-Emmanuel Comte, artiste passionné et pédagogue engagé, il défend l’originalité et la spécificité d’un répertoire régional en valorisant les manuscrits baroques conservés dans les bibliothèques de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’ensemble réalise ainsi diverses restitutions et éditions de partitions inédites, riches des liens privilégiés que Lyon entretenait avec l’Italie. Favorisant une approche historique et philologique du répertoire baroque et classique, notamment le catalogue mozartien, Le Concert de l’Hostel Dieu propose systématiquement une interprétation sur instruments d’époque.

En contrepoint de cet axe patrimonial, l’ensemble présente des créations transversales et interdisciplinaires, qu’il produit à travers un espace collaboratif d’échanges artistiques : le b.Lab ou barroco Lab. Des chorégraphes, des metteurs en scène, des spécialistes des arts numériques apportent ainsi leurs visions artistiques et leurs « touches » contemporaines, soulignant ainsi l’inventivité et la richesse des musiques dites « anciennes ». Véritable cellule de recherche et développement, le b.Lab s’interroge également sur des problématiques actuelles telles que le renouvellement des publics, les nouveaux modes de communication, le modèle économique des équipes artistiques indépendantes…

Le Concert de l’Hostel Dieu place au cœur de ses projets des distributions de jeunes solistes internationaux, repérés lors d’académies ou de grands concours européens de chant baroque. L’orchestre bénéficie de l’expertise de son premier violon Reynier Guerrero. Pour les programmes d’oratorio, il développe une collaboration pérenne et régulière avec le CCHD, Chœur du Concert de l’Hostel Dieu, dirigé par Mariana Delgadillo Espinoza.

À travers ces projets de restitution et de création, Franck-Emmanuel Comte défend un seul et même engagement : celui de faire partager aux publics et aux jeunes artistes un répertoire unique et vivant tout en questionnant la forme classique du concert. Dans cet esprit, il anime avec talent des conférences et des avant-propos éclairants, propose des concerts-lecture et des master-classes, conçoit des vidéos didactiques et des formes de concert innovantes ; autant d’outils que Franck-Emmanuel Comte utilise pour transmettre sa passion auprès d’une large audience qui dépasse nettement les frontières habituelles du public spécialiste de la musique savante.